On l’a appris la semaine dernière, Nokia est encore une fois dans le rouge sur le dernier trimestre, après un début d’année placé sous le signe des pertes record. Le constructeur finlandais a en effet annoncé des pertes à hauteur de 1,3 milliard de dollars (contre 1,34 milliard au premier trimestre). À cela s’ajoute un prix de l’action au plus bas depuis 15 ans, et l’on pourrait presque penser que le Game Over est bientôt au-dessus de la tête de Nokia. Mais dans une situation où tous sauf deux fabricants de téléphones sont en difficulté, il y a plusieurs arguments qui font que la troisième place mondiale ne serait pas forcément une mauvaise chose au sein d’une industrie largement dominée par Apple et Samsung.
Mais pour le comprendre, il faut revenir au début des années 2000, à une époque où Nokia s’arrogeait plus de 35% de part de marché, loin devant le reste de la concurrence. À ce niveau, rien ne pouvait véritablement détruire la confiance des investisseurs et des patrons de Nokia. Malgré tout, et c’est ce qui a mis Nokia dans une situation des plus délicates, c’est sans aucun doute la transition (trop ?) rapide vers les smartphones sur l’impulsion d’Apple et de son incontournable iPhone. Cela n’a pas empêché Nokia de faire beaucoup d’erreurs dues à une arrogance absolument décevante. On l’a vu avec la N-Gage qui fut un lourd échec, en deux versions, et surtout les propos très critiques des différents représentants de la firme nordique concernant l’avenir des mobiles proposant un écran tactile et tout-en-un. À chaque fois, des millions, voir des milliards dépensés en marketing ou en R&D sans jamais réussir à imposer un nouveau souffle.
De nouvelles têtes
Le temps où Nokia pouvait faire la fine bouche est désormais résolu et cela, tout le monde l’a bien compris. Après tout, c’est même une bonne nouvelle pour l’industrie et surtout pour Microsoft. Car la gestion de cette crise à la finlandaise par la firme de Redmond est sans doute la meilleure depuis des années. Ne soyez pas de mauvaise foi, beaucoup ont cru il y a 4 ans que Nokia allait se faire racheter, c’était d’ailleurs une quasi-certitude. Mais plutôt que de se fier aux bons vouloirs de ses investisseurs, Microsoft a préféré pousser son poulain, Stephen Elop, à la tête de l’entreprise. Cet ancien de Redmond n’a jamais caché son attachement à l’environnement Windows, et la décision soi-disant difficile qu’il a prise en faisant de Nokia un constructeur pour un OS propriétaire était avant tout là pour contenter Microsoft sous peine de voir Nokia se faire racheter et donc dépouiller de son essence, celle qui a fait sa réputation. Car quoi qu’on en dise, difficile de trouver des téléphones aussi robustes que ceux de Nokia. Je ne sais pas vous, mais mon vieux 3310 est toujours en état de marche.
Mais la décision a eu tout de même des effets négatifs sur l’image même de Nokia. Mais à quoi bon au juste ? À l’époque, doit-on tout de même rappeler que Nokia pourrissait sur son arbre avec son vieil OS complètement dépassé, Symbian ? Que les multiples tentatives pour le relancer n’ont jamais porté leurs fruits ? Et que dire de MeeGo qui n’a jamais véritablement vu le jour ? Autant d’éléments qui font que l’arrivée de Windows Phone sur une plateforme mobile finlandaise n’était pas une option, mais bien une obligation.
Le cas Android
Il y avait toutefois une autre option. Elle avait peu de chance d’aboutir, mais le cas Android fut toutefois clairement étudié par le comité décisionnaire de Nokia. Mais c’est à ce moment-là que Microsoft avait déjà signé plusieurs partenariats avec différentes entreprises comme HTC, ZTE ou LG afin qu’ils payent une taxe à l’utilisation d’un OS que la firme de Redmond n’avait pas créé. Mais certains brevets étaient utilisés sans autorisation. Seconde chose, en choisissant le petit robot de Google, Nokia se mettait dans la même situation que HTC aujourd’hui, c’est-à-dire qu’elle ne deviendrait qu’un constructeur de seconde zone, grignotant le peu de place laissé par Samsung et sa machine marketing, en dépit de produits de qualités.
Grâce à Windows Phone, Nokia a réussi avec l’aide évidente de Microsoft, à ré-imposer ses produits et est devenu le premier constructeur sur cet OS. Le pari est certes encore loin d'être gagné et il reste encore beaucoup de travail pour que la firme finlandaise renaisse de ses cendres, mais force est de constater qu’avec 4 millions de ventes à son actif, la gamme Lumia est une franche réussite pour Nokia, car les clients ont fait confiance à leurs excellents produits, et pour Microsoft puisque Windows Phone n’est désormais plus un petit OS marginal. Grâce à l’adoption de Windows Phone 7, et prochainement de Windows Phone 8, les fines chances de survie ont désormais vu leurs côtes remontées. Il reste dans les caisses de Nokia 4,2 milliards d’euros, ce qui n'est pas énorme, mais qui peut encore permettre à Nokia de survivre financièrement à quelques mauvais trimestres.
Tourné vers l’avenir
La gamme Lumia est une réussite commerciale, car elle a su s’imposer sur quasiment tous les plans : sur le très haut de gamme grâce aux Lumia 800 et 900, mais aussi sur le moyen-gamme avec le Lumia 610, voir même le bas de gamme avec le 710 proposé aujourd’hui chez les opérateurs pour moins de 50€ avec subvention. Mais ce qui est intéressant de noter et les clients l’ont bien compris, c’est que contrairement à Android, Nokia a su proposer des produits peu cher sous Windows Phone, sans pour autant sacrifier la qualité. Les finitions plastiques ne plairont pas à tout le monde, j’en conviens, mais pour autant, la fluidité et l’enrobage de Microsoft, accompagnant un hardware de bonne qualité à moins de 200€ nu, est un positionnement qui sera probablement payant sur le long terme.
La clé du succès de Windows Phone
Nokia est donc dans la bonne direction avec une solide gamme de produits et un positionnement clé dans le succès de Windows Phone. Même dans le pire scénario possible, il est maintenant trop important pour que Miscrosoft puisse se permettre un échec. Et c'est, plus que tout, la raison qui fait que Nokia a pris la bonne décision.
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